mardi 5 avril 2016

Mini-interview : Diane Özdamar

Vous êtes illustratrice et photographe. Quel parcours avez-vous suivi ?
Bonjour, et merci pour cette interview !
La question est assez vaste, étant donné que mon parcours scolaire a été très erratique et s’est souvent largement détourné de l’illustration et la photographie, qui étaient à la base des passions avant que je décide d’en faire quelque chose de plus sérieux. Je suis, donc, majoritairement autodidacte pour l’illustration et la photographie, bien que j’aie pu explorer certaines techniques et matières auxquelles je n'aurais pas forcément eu accès lors de mon cursus à l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Paris (en Design Objet, donc rien à voir avec mon travail d’illustration et design graphique actuel, je me suis d’ailleurs rapidement rendu compte que ça ne me convenait pas).
J’ai notamment pu travailler la peinture à l’huile sous diverses formes (création de peinture directement à partir des matières premières : pigment pur, huiles, solvants, etc.), suivre des cours de morphologie qui m’ont passionnée et m’ont permis d’avoir une meilleure compréhension des mécanisme du corps humain, ainsi que pratiquer la sculpture et la morphostructure qui m’ont aidée à mieux appréhender les volumes.
J’ai également eu la chance de travailler la photographie argentique et développer moi-même mes clichés dans les laboratoires de l’ENSAD, alors que je n’avais pratiqué que le numérique au préalable.

Votre univers photographique, abstrait ou figuratif, est à la fois vivant et décalé. Comment construisez-vous vos oeuvres ?

Le processus de création peut avoir diverses origines : une idée qui ne me quitte pas depuis des jours et qui finit par devenir impérieuse au point qu’il me faille la mettre en images, un rêve particulièrement marquant, un petit détail du quotidien qui aura retenu mon attention, etc.
Pour l’illustration, j’ai généralement, en trame de fond, une fascination pour l’anatomie, le regard et l’hybride. Il en ressort des personnages souvent étranges, au caractéristiques mi-humaines, mi-animales ou végétales, avec un fort penchant pour les créatures aquatiques.
La photographie est paradoxalement plus « libre », étant donné que je me focalise moins sur certaines obsessions personnelles mais plus sur des détails aperçus au détour d’un sentier de promenade, ou dans la vie de tous les jours.
Pour l’illustration, je commence généralement directement sous Photoshop, sans esquisse préalable. Je travaille avec une tablette graphique (wacom intuos 3) et procède par larges touches de couleurs, à la manière de la peinture traditionnelle, pour ensuite détailler au fur et à mesure. Je me focalise en premier lieu sur l’équilibre de la composition et des couleurs, chose que j’avais tendance à négliger à mes débuts. C’est d’ailleurs un processus créatif qui m’a grandement aidée en photographie, l’application des principes de composition acquis par le biais de l’illustration a été cruciale dans mon apprentissage de la photo.

Vous participez pour la 2eme fois à la fresque des Imaginales. Comment cela se passe-t-il ? Qu'est-ce que cela vous apporte ?
Je suis très heureuse de pouvoir participer pour la deuxième fois à la fresque des Imaginales, la première année avait été un très beau moment d’échange entre illustrateurs, un vrai moment de plaisir !
Nous nous concertons au préalable sur le sujet donné, dans une sorte de « ping-pong » d’esquisses, chacun reprenant la dernière version proposée pour y rajouter sa touche et / ou la modifier en fonction des idées surgies au cours de nos échanges. Lorsque l’esquisse revue et corrigée maintes fois par nos soins collectifs nous satisfait et est validée, nous l’utilisons comme référence pour la fresque.
Je ne sais pas comment les rôles étaient répartis lors des années précédentes, mais l’année dernière nous partagions les tâches, chacun choisissant de peindre un élément particulier, puis s’étendant sur le reste de la fresque, venant retravailler sur un détail déjà peint, un peu comme lors de la phase d’esquisses.
C’était très intéressant et enrichissant, et il en est ressorti, à mon sens, une belle cohérence.


Quels sont vos projets ?
J’avais entamé une série de peintures sur le thème des démons intérieurs, que j’aimerais terminer avant la fin de l’année, ainsi qu’une série de portraits (photo) entamée en 2014 tournant autour de l’identité et du genre. Mon gros « problème » (qui n’en est pas réellement un au demeurant) est que je ne peux m’empêcher de me lancer dans d’autres illustrations en parallèle… Je ne peux donc pas réellement affirmer quels seront les projets qui vont aboutir au cours de l’année, mais ces deux-là restent pour moi des priorités et seront forcément finalisés dans les mois à venir.
Et par la suite, je verrai bien où l’inspiration me portera :)

Dinae Özdamar est infographiste, illustratrice, photographe... et chanteuse. Son univers, très personnel, mêle fantasy et steampunk. Aux éditions du Chat noir, elle a récemment publié Abyssia, en collaboration avec Tiphaine Zanutto.  Son site : http://www.ozdam-art.com